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Le blog' de Gautier
25 décembre 2010

Joyeuse naissance au monde nouveau !

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Homélie pour Noël

Samedi 25 décembre 2010

Basilique-Cathédrale Saint-Front de Périgueux

Messe radiodiffusée en direct sur France Culture 

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« J’étais dans le ciel et j’ai bien regardé partout…

mais Dieu, je ne l’ai pas vu ! »

Ce que le cosmonaute soviétique Youri Gagarine, le premier homme envoyé dans l’espace en 1961, à qui nous devons cette citation, ne savait sans doute pas, c’est que pendant qu’il était dans l’espace, Dieu, lui, était sur terre…

Et c’est cet évènement là que nous fêtons aujourd’hui, que nous célébrons aujourd’hui. Un évènement encore plus extraordinaire que l’envoi d’un homme dans l’espace pour la première fois, un évènement qui dépasse tout ce que l’homme aurait pu par lui-même, penser, inventer, voire même imaginer : l’envoi sur terre du Fils unique de Dieu !

Aujourd’hui, frères et sœurs, le ciel touche la terre !

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Les lectures que nous avons entendues au cours de cette nuit de Noël, nous ont présenté les grands de ce monde commandant en maîtres : l’empereur Auguste tout d’abord qui ordonne un recensement ; le gouverneur Quirinius ensuite qui déplace les populations, condamnées à se faire dénombrer chacune dans sa patrie d’origine. Et le roi Hérode qui, bientôt, se méfiera de ce jeune enfant dont on dit qu’il est roi...

Dieu, lui, comme en contraste avec ces puissances du monde politique et militaire du moment, discrètement, humblement, pauvrement, rejoint le genre humain. Il entre sur la scène du monde par la petite porte. Dieu ne s’invite pas, il se fait notre hôte.

Et un hôte veillé, espéré, attendu par des « guetteurs dont l’appel retentit en cri de joie » comme nous le dit Isaïe dans la première lecture, « parce qu’ils voient de leurs yeux le Seigneur ». Mais aussi un hôte préparé depuis la nuit des temps, depuis la nuit des origines, « par son Père s’adressant aux prophètes sous des formes fragmentaires et variées » comme le souligne Paul dans la lettre aux Hébreux, notre deuxième lecture.

Avec l’incarnation de son Fils, Dieu le Père inaugure une nouvelle façon de nous parler, de nous rejoindre, de s’adresser à nous. Dieu conclut en ce jour de la Nativité une nouvelle alliance, définitive, avec l’humanité. Dieu quitte son ciel pour habiter notre terre !

Pour qui voudra désormais connaître et comprendre Dieu, il suffira de regarder Jésus, le Jésus de la crèche et celui de la Croix, toutes les deux faites dans le même bois. Et qui regardera cet homme Jésus cheminant « en faisant le bien », verra Dieu marchant sur nos routes toutes humaines.

Avec l’incarnation de son Fils, Dieu vient nous dire qu’il n’est pas à trouver dans le ciel, caché qu’il serait derrière un nuage, ni à l’autre bout du monde, mais qu’il est là, présent au cœur de nos vies, demeurant sur notre terre. Dieu donne sa Parole, son Verbe, son Fils et nous le donne à la hauteur de nos yeux, à la hauteur de nos visages, à la hauteur de nos mains. Pas plus haut, pas inaccessible.

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L’évangile de saint Jean que nous venons de lire ne nous dit rien d’autre, même si son langage peut nous paraître un peu hermétique : non ! les hommes ne sont pas abandonnés à leur sort. L’austérité de l’évangile que nous venons d’écouter ne doit pas nous arrêter. Certes il ne parle plus du petit bébé de la crèche, ni de la lumière céleste, ni des bergers, ni des anges qui proclamaient la paix. Nous sommes placés devant un texte plus complexe et plus abstrait qui nous invite à une méditation sur le Verbe de Dieu qui est la vraie Lumière. Et surtout, il nous annonce que Dieu intervient dans l’histoire des hommes, qu’il surgit dans notre temps.

Ce Fils que nous accueillons, c’est le Verbe, la Parole de Dieu incarnée. C'est à dire que le Fils peut nous parler du Père parce qu’il le connaît, que le Fils peut nous dire la volonté du Père, son plan d’amour pour les hommes. « Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous ». Il prend notre condition humaine et notre fragilité. Il partage notre vie en tout, y compris la mort, sauf le péché. Nous sommes tous dépassés par l’immensité de cet amour de Dieu pour l’humanité. Nous ne pouvons que nous émerveiller et lui rendre grâce pour cette merveille.

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« Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu ».

« Au commencement »… les mêmes premiers mots qu’au premier chapitre de la Genèse : « au commencement Dieu créa le ciel et la terre »…

L’évangéliste Jean contemple la Parole divine qui a présidé au surgissement de la création. Ainsi il nous dit que c’est donc, pour qui veut bien l’accueillir, véritablement un commencement que ce jour de la Nativité. Et un commencement qui se veut certitude. A tous ceux qui ont reçu la Parole de Dieu, le Fils de Dieu, il a donné la possibilité de devenir enfants de Dieu. De devenir divins, d’émerger enfin de l’animalité. Avec le Verbe fait homme, nous acquérons la certitude, inébranlable, de la beauté, de la grandeur, de la dignité, de la majesté même de l’homme !

Car, frères et sœurs, s’il y a bien une chose de plus follement inconcevable encore que l’Incarnation, c’est bien que Dieu le Père ait jugé notre humanité digne d’accueillir son Fils !

Dans l’enfant de la crèche, pour quelques uns - les bergers notamment -, ce jour-là, il y a un peu plus de 2000 ans, il y a eu la naissance d’une certitude : Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu. Cette certitude est-elle la nôtre, aujourd’hui, frères et sœurs ? Est-elle la nôtre ? Croyons-nous véritablement qu’en célébrant la Nativité du Sauveur, nous célébrons aussi la dignité humaine ?

Aujourd’hui le ciel touche la terre... et il est donné à la terre de toucher le ciel…

Et avec cette naissance, ce devrait être joie sur toute la terre ! Joie pour nous, d’abord, qui sommes les témoins bien pauvres et les dépositaires bien ingrats de cette Bonne Nouvelle qui vient pour nous sauver. Mais oserons-nous garder jalousement cette Bonne Nouvelle pour nous seuls quand tant d’âmes peinent sur des chemins sinueux ? Si notre monde est si morose, si désabusé, si peu enclin à la paix et à la réconciliation, n’est-ce pas d’abord parce que lui fait défaut la foi en la dignité et la grandeur de l’existence humaine ?

Un monde nouveau prend naissance avec ce « premier-né », avec l’Emmanuel, Dieu-avec-nous, Dieu-parmi-nous.

Acceptons-nous aujourd’hui de coopérer à l’avènement de ce monde nouveau ?

Acceptons-nous aujourd’hui de nous laisser trouver sur terre par Dieu, qui veut nous embaucher pour le monde nouveau ?

Joyeux Noël à tous !

Belle naissance à tous, au monde nouveau !

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