La pensée ragaillardissante de la semaine (X)
« Il n’y a pas un millimètre du monde qui ne soit
savoureux. »
Jean Giono
Observez un tout petit enfant sur un carré d’herbe fraîche
: il est capable de passer des heures entières, pratiquement sans bouger, dans
l’émerveillement de ses menues observations. Tout pour lui exprime le miracle
de la création. Il observe, découvre, s’étonne, se délecte, s’ouvre à ce qui
l’entoure, s’emplit de mille impressions subtiles. Tout l’enhardit, l’intimide,
l’émerveille ou le saisit. Chaque frémissement de la nature, chaque palpitation
de l’univers.
Apparemment, son royaume tient sur moins d’un mètre
carré. En réalité, il est l’hôte universel, inséré dans le monde entier, le
visible et l’invisible. Son esprit n’est limité ni à une surface (il va en
profondeur), ni à un périmètre (il est conduit au centre). À cet instant de sa
vie, l’enfant est en osmose avec l’univers entier ; son attention est vécue par
tous ses sens avec une incroyable intensité. Puissions-nous réhabiliter en nous
cet émerveillement, redécouvrir le sublime dans l’infime, l’imprévisible dans le
surgissement de l’infiniment petit, la beauté dans la simplicité essentielle.
L’infini ramené à un carré d’herbe fraîche, l’éternité coïncidant exactement
avec un instant de plénitude radieuse, dans ce sentiment d’être pleinement
inséré dans la pure beauté de l’univers avec le privilège inouï d’en être le
témoin. Ressuscitons en nous la conscience savourante de vivre ! Et nous
constaterons — avec une évidence claire comme l’attention émerveillée d’un
enfant — combien le monde est beau et combien cette vie mérite d’être vécue !