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Le blog' de Gautier
18 août 2009

Messe radiodiffusée sur France Culture

Chers amis,

Pour répondre à la demande de quelques-uns, vous trouverez ci-après le texte de l'homélie que j'ai prononcée à l'occasion de la Messe de l'Assomption, le 15 août, messe radiodiffusée sur France Culture.

Très fraternellement,

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logo_france_culture Sud_Ouest article de Sud Ouest ICI

Dans un genre littéraire que notre culture ne goûte plus guère, à travers un langage peut-être un peu obscur, de prime abord, pour des hommes et des femmes de notre temps, le livre de l’Apocalypse d’où nous avons tiré notre première lecture nous délivre un message d’espérance qui lui, en revanche, se moque des tendances et des modes : Dieu est plus fort que les forces du mal.

Ce « grand signe apparu dans le ciel » de la femme luttant avec l’énorme dragon qui compte sept têtes et dix cornes, symboles de ruse et de force, résonne tout d’abord en nous comme l’écho du début du livre de la Genèse, où le Dieu Créateur s’adresse au serpent en ces termes : « Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance. Il t’écrasera la tête et tu l’atteindras au talon » (Gn 3, 15). Ce récit est pour nous porteur d’une espérance : viendra un jour où la descendance de la femme écrasera le serpent à la tête et, se faisant, lui portera un coup fatal et définitif.

Assomption_de_la_Vierge_Marie_par_MurilloPoint au jour, ensuite, un deuxième thème : celui de l’enfantement dans les douleurs. Thématique récurrente chez les prophètes, il désigne le peuple d’Israël, ce peuple juif qui, au milieu des douleurs de sa pérégrination, attend son Messie. Saint-Jean, dans son Evangile, reprendra cette image : « La femme, sur le point d’accoucher, s’attriste parce que son heure est venue ; mais lorsqu’elle a donné le jour à l’enfant, elle ne se souvient plus des douleurs, dans la joie qu’un homme soit venu au monde. Vous aussi, maintenant vous voilà tristes ; mais je vous verrai de nouveau et votre cœur sera dans la joie, et votre joie, nul ne vous l’enlèvera » (Jn 16, 21-22). La figure féminine désigne donc d’abord Israël, le Peuple de Dieu, le Peuple élu, le Peuple choisi entre tous, qui sera établi victorieux des puissances de mort, par son Messie.

Et c’est justement parce que Dieu lui promet la victoire finale que la femme de la vision est parée de lumière. Un élément nous permet avec un peu plus de précision encore de dessiner le portrait de cette femme apportant la victoire : cette femme enfante un fils, le Messie attendu. Et pour nous, alors, naturellement, cette femme devient Marie, la mère de Jésus, la mère du Sauveur. « Douze étoiles » couronnent sa tête, nous précise le texte. Ces étoiles renvoient à la fois aux douze tribus d’Israël, dont Marie est l’accomplissement, et aux douze apôtres, fondations de l’Eglise dont la Vierge est la figure.

Dans la deuxième lecture, Paul nous explique que la Résurrection suit un certain ordre : comme le péché est entré dans le monde par la faute d’un homme, la vie véritable doit elle aussi débuter par un premier homme, un homme premier-né qui annonce, qui réalise et qui accomplit toute la suite.

Et Paul, l’apôtre infatigable, le disciple zélé, nous dit toute la part qui nous revient dans l’accomplissement de l’œuvre du salut, combien notre coopération est indispensable, même si Christ a déjà gagné contre les forces du mal. Marie nous est alors offerte comme modèle de collaboration, par sa coopération à la volonté du Père, par sa confiance dans le Fils, par sa docilité à l’action de l’Esprit en elle.

L’Evangile, enfin, qui nous est proposé pour célébrer ensemble l’Assomption de la Vierge Marie est celui de la Visitation. Ce texte que nous connaissons bien est celui sans doute qui nous dit le mieux le lien unique entre l’humilité de la Vierge et sa glorification. Le Magnificat lui-même en fait la théorie lorsqu’il nous dit : « il élève les humbles ».

Et les deux règnes dont parle l'Apocalypse continuent ici à s’affronter dans ce poème véritablement déconcertant : d'une part se tiennent les humbles, les affamés, tous ceux qui, spirituellement sont de la race d'Abraham ; et de l’autre ce sont rassemblés les superbes, les puissants, les riches, les oppresseurs. De ce combat sans merci, l'humble Vierge de Nazareth proclame prophétiquement l’issue : « Déployant la force de son bras, le Très-Haut disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides ». Cette victoire définitive de la Lumière sur les ténèbres, du bien sur le mal, de la vie sur la mort, est anticipée au cœur de l’été par cette solennité de l’Assomption de la Vierge Marie. Oui nous le croyons : bientôt, très bientôt, « tout sera achevé ; le Christ remettra son pouvoir royal à Dieu le Père, après avoir détruit toutes les puissances du mal. C’est lui en effet qui doit régner jusqu’au jour où il aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier ennemi qu’il détruira, c’est la mort, car il a tout mis sous ses pieds » (1 Cor).

L’Assomption de la Vierge Marie est véritablement pour nous une fête lorsque nous saisissons qu’elle nous concerne, nous, directement. En effet si Marie, qui est l’une de nous, créature d’entre les créatures, se voit ainsi introduite, corps et âme, dans la gloire même de Dieu, comment ne serions-nous pas appelés, à notre tour, à entrer dans cette gloire ? Ainsi donc, au moment même où nous fêtons Marie, nous célébrons aussi ce salut dont Dieu couronnera nos existences, nos vies, nos propres vies, avec tout ce qui les constitue. Au moment même où nous fêtons Marie, nous fêtons notre propre salut. Marie, en entrant dans la gloire tout comme son Fils, voit se réaliser en elle ce qui est notre avenir.

Allons plus loin : ce départ de Marie, cette Assomption, revêt également une autre signification, pour notre vie spirituelle immédiate : son Assomption est véritablement une Visitation. Quand Marie était visible, femme de notre terre, embauchée aux mille et uns travaux d’une paysanne galiléenne ordinaire, elle ne pouvait nous rencontrer que dans les rues de son village, en se déplaçant à pied, ou sur le dos d’un petit âne. Maintenant qu’elle « a été prise dans la gloire », elle nous visite de l’intérieur, sur place. L’Assomption, c’est une visite de Marie au-dedans de nous, dans nos maisons, dans nos paroisses, dans nos chambres d’hôpital, dans nos cellules de prison, où que nous soyons, partout où Dieu demeure, partout où nous établissons un autre tabernacle vivant pour notre Dieu. Elle a quitté le visible superficiel pour rentrer dans la profondeur, en Dieu !

Aujourd’hui, frères et sœurs, osons demander à Marie de nous aider à être - selon la belle expression de Jean-Paul II - « les sentinelles de l'espérance qui ne déçoit pas », et à proclamer sans cesse que le Christ est vainqueur du mal et de la mort.

Demandons au Seigneur d’illuminer lui-même notre humanité afin qu'elle comprenne que la vie ne finit pas dans une poignée de poussière, mais que cette vie, que notre vie est appelée à un destin d'éternel bonheur.

Supplions enfin pour que chaque jour, dans la foi et dans la joie, nous puissions redire pour nous le mot d’Elisabeth : « Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ! »

Pour écouter la Messe, cliquez ICI

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