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Le blog' de Gautier
27 janvier 2007

Prière pour la ville, prière sur la ville

Pour la première fois depuis que je suis installé à Paris, j’ai entendu jeudi les cloches de l’église de ma paroisse du XVIIe arr. Elles sonnaient 9 heures ! Anecdote, me direz-vous ? Pour moi, non !

Séminariste à Bordeaux, j’éprouvais une joie inégalable lorsqu’il m’était possible de me retrouver dans une salle du 3ème étage, un peu isolée du reste de la grande bâtisse, pour me plonger alors dans mon bréviaire et prier. Cette pièce confortable, d’ordinaire réservée aux musiciens, offrait, par ses grandes fenêtres, une vue panoramique imprenable sur la capitale aquitaine, ses toits et ses maisons, ses monuments et ses artères de circulation. Les fenêtres ouvertes, les bruits de la ville montaient jusqu’à moi : les sonnettes du tram, avertissant les piétons de son passage imminent, les klaxons inévitables des conducteurs pressés de rentrer chez eux, les sirènes des secours en tous genres… Et, la nuit tombant, on pouvait guetter un à un les petits carrés de lumière apparaissant sur les façades des immeubles, témoins du retour de chacun dans son « chez-soi » après une journée de labeur. Combien de fois me suis-je imaginé la vie de ces personnes ? Certaines devant rentrer seules, d’autres passant auparavant chez la nourrice pour y « récupérer les enfants », d’autres, certainement, rentrant fourbues d’une journée de recherche d’emploi, d’autres encore, gagnant leur domicile remplies de joie, ayant reçu une bonne nouvelle ; d’autres, déçues, en ayant appris une mauvaise…

Au Séminaire des Carmes, seule la cellule de Christian de Chergé, aménagée en mémoire de celui qui fut assassiné à Tibbhirine en Algérie en 1996, offre une vue un peu similaire. Une minuscule fenêtre, plongeant sur un corridor de l’Institut catholique, nous laisse percevoir, ultimement, un bout de la rue de Vaugirard et deviner quelques fenêtres d’un immeuble cossu. Il m’arrive, au cours de ma prière, de lever les yeux et d’observer alors quelques instants les silhouettes se détachant derrière les fenêtres de cette façade. Quelles sont les vies de ces personnes ? Connaissent-elles Dieu ? Savent-elles qu’elles sont aimées ? Dieu, lui, les connaît. Assurément. Lui qui appelle chacun par son nom, qui nous connaît tous plus intimement que nous-mêmes pouvons nous connaître.

Alors, quand j’ai entendu ces cloches sonner, que je sortais de ma bouche de métro, ce jeudi matin, entouré d’une foule pressée, bigarrée, en plein cœur du XVIIe arr., bien sûr, j’ai prié. Pour ces anonymes. Pour ceux qui ont entendu ces cloches. Et pour ceux qui ne les ont pas entendues.

Le Cardinal Lustiger, lorsqu’il était encore archevêque de Paris, avait rédigé une « Prière pour la ville ». Voilà bien longtemps que je l’ai faite mienne. Faîtes-la vôtre, pour vous-même, pour la ville, pour le monde.

« Dieu notre Père,

tout-puissant et miséricordieux,

créateur du ciel et de la terre,

écoute la prière de tes enfants.

Fais rayonner ta lumière sur cette ville

où depuis des siècles,

tant d’hommes et de femmes

cherchent à te connaître et à t’aimer.

Ouvre les portes et les cœurs :

que ton Fils puisse y faire sa demeure. »

.

Paris

.

Fraternellement,

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