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Le blog' de Gautier
6 juillet 2009

Ca fait quoi ?

Chers amis,

Le journal La Croix m’a demandé un article pour son édition du 26 juin, à l’occasion du dimanche des ordinations sacerdotales. Voici ces quelques lignes, censées relater les sentiments qui traversent un séminariste à la veille de son ordination…

Priest" Prêtre ! Dans quelques jours, dans quelques heures. Pour toujours, pour l’éternité ! Que dire devant un si grand mystère ? Que peut dire celui qui demain présidera l’Eucharistie, célébrera la réconciliation, imposera les mains aux malades ?

Assurément qu’il est dans la joie. La joie de celui qui est appelé à s’offrir et à se donner : à son Seigneur, à son Eglise, aux communautés qu’il connaît et à celles qu’il ne connaît pas encore, à ceux aussi qui ne sont pas de ces communautés. La joie de celui qui demain sera envoyé en mission, pas nécessairement au-delà des mers, vibrant de l’exotisme des contrées lointaines et vierges de l’annonce de la Bonne Nouvelle, mais envoyé en mission tout de même, dans l’ordinaire tout autant aventureux de la ville ou de la campagne, dans l’anonymat des immeubles et la détresse de l’hôpital, poussé par le seul et unique désir de dire à chaque homme ici-bas combien il est aimé, combien il est fils de Dieu, créé à son image, appelé à sa ressemblance. De toute éternité.

La joie certes, mais une joie teintée de gravité : mesurée, contenue, une joie qui ne verse pas dans l’exubérance ; plutôt une joie intérieure, empreinte d’une certaine solennité. Parce qu’il est seul celui qui, demain, dans la foi et dans la confiance qu’elle donne, engagera son existence. Pour autant soutenu qu’il soit, par sa famille, ses amis, sa paroisse, ses confrères de formation et le presbyterium qu’il rejoindra bientôt, il est seul à prononcer son « oui ». Un « oui » qui fera basculer une vie dans l’inédit. Car je crois profondément que la grâce fondamentale qu’offre notre époque est qu’il y a mille manières d’être prêtre, qu’il n’y a pas de recettes assurées, de chemins droits et balisés, de routes idéales à suivre : devenir prêtre, chaque jour un peu plus et chaque jour un peu mieux, c’est se condamner au discernement, c’est se laisser conduire par l’Esprit Saint et se laisser faire par les hommes. Avec l’assurance chevillée au cœur et au corps que le Seigneur nous précède toujours, que craindre ?

« Elle est vivante la parole de Dieu, énergique et plus tranchante qu’aucun glaive à double tranchant » (He 4, 12). Annoncer la Parole qui donne vie : quelle tâche plus exaltante pour combler une vie ? Quelle tâche plus urgente aussi ? Mais cette tâche de l’annonce zélée, pour aussi motivée par la fougue évangélique qu’elle soit, n’en doit pas moins s’appuyer, toute la vie durant, sur la confiance et sur l’humilité : confiance en un Dieu fidèle qui ne manque jamais à ceux qui demeurent près de lui, et humilité quand nous ne sommes que des serviteurs inutiles d’une mission qui nous dépasse infiniment.

En ce sens, mes cinq années de formation au séminaire ne m’ont pas été de trop pour me familiariser avec l’Ecriture, pour m’en imprégner, pour en goûter l’épaisseur et la finesse, mais aussi pour affronter mes propres limites quand il s’est agi de transmettre cette Parole de Dieu auprès de ceux à qui j’étais envoyé. Mais c’est justement dans la Parole que sot offerts les moyens de dépasser ses légitimes appréhensions et ses inquiétudes sur ses capacités personnelles… « Et moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » nous assure le Seigneur (Mt 28, 20). "

Gautier MORNAS +

La_Croix

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